Mise en ambiance
Le travail "à la manière de" implique une présentation de l'auteur et de ses textes. La mise en ambiance se réalise par la lecture à voix haute d'extraits.
Les extraits du recueil de poèmes de F. Ponge Le Parti pris des choses (1942) généralement lus en classe sont : l'orange, le cageot, le pain et l'huître (même si ce dernier est plus difficile à comprendre après une seule lecture).
Le cageot
A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font a coup sûr
une maladie.
Agencé de façon qu'au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses
qu'il enferme.
A tous les coins de rues qui aboutissent aux halles, fl luit alors de l'éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d'être dans une pose
maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques, — sur le sort duquel il convient toutefois de ne s'appesantir longuement.
L'orange
Comme une éponge, il y a dans l'orange une aspiration à reprendre contenance après avoir subi l'épreuve de l'expression. Mais l'éponge réussit toujours, l'orange échoue.
Le ventilateur
Il règne au milieu du plafond. Pendant avec des palmes, constamment en activité, il agrémente la pièce d'un vent frais et décoiffant. Je me couche en-dessous et le regarde tourner. Il m'emporte. En un bruit presque sourd et flou, il coupe le vent du bout de ses palmes arrondies et blanches. Je ferme les yeux et le son m'aide à réfléchir. Je me souviens de mon enfance, lorsque je me réveillais la nuit et venais m'allonger avec ma couverture et écouter. Écouter le vent venir et rafraîchir la pièce. Ah, ce ventilateur, cet objet mêlant passion et soupçon, accroché au plafond, qui berça mes rêves, me vit grandir et aujourd'hui, me fascine tout autant qu'avant !
Le stylo
Les mots en coulent, timidement au début de l'heure, puis lentement, sans hésitation, ils en sortent, affluant pour décorer la feuille de papier. De sa petite bille à la grâce d'une danseuse, les lettres glissent et reposent sur leur sujet, prenant formes diverses et couleurs imaginaires. Sans se presser, sans porter son attention sur ce monde sophistiqué, il use de sa beauté pour attirer le regard de l'écrivain inspiré, qui, par amour et admiration pour cet objet simplifié, tend la main et le saisit. Il est agréable au regard, désirable au toucher, et prenons le temps de l'observer, ce stylo à la vie quotidienne, de toutes origines, à tous objectifs, nous porte l'aide que nous lui avons quémander.